Je vous en dit un peu plus sur l’hypothèse sur laquelle je travaille depuis quelques années, hypothèse dite de relocalisation par l’euro local. L’idée est clairement utopique, je l’assume, mais au vu de l’absence de proposition politique en ce sens, une utopie, c’est mieux que rien.

Voici aujourd’hui une version concise et plus aboutie que la première mouture de cette hypothèse développée en 2015. Je ne reviens pas, en préambule, sur  la question du « pourquoi relocaliser », qui semble un préalable conceptuel à un projet de société animé par l’amélioration de son cadre environnemental et social.

Partons de l’hypothèse d’une Europe où les citoyens recevraient leurs revenus pour moitié en euros, pour moitié en euros locaux.

 

Une Europe où les seules entreprises habilitées à vendre leurs produits en euros locaux devraient au préalable obtenir un permis, délivré par exemple par un service citoyen, celui-ci ne l’accordant qu’aux entreprises respectant un code environnemental et social.

 

Code défini au préalable par les institutions européennes, on peut imaginer qu’ils demanderaient aux entreprises de respecter certaines contraintes comme par exemple :
  • éco-concevoir ses produits (dans un objectif de recyclage)
  • pas ou peu d’utilisation de pesticide
  • restreindre l’écart de salaire de 1 à 5 entre le plus petit et le plus grand salaire
  • etc…

 

Les entreprises recevant des paiement en euros locaux sont alors obligées de se fournir localement puisqu’un système de paiement dédié ne leur permettra d’acheter des produits qu’aux autres entreprises vendant en euros locaux à proximité. Avec une taxe à l’éloignement basée sur la distance en km à vol d’oiseau entre les deux sièges sociaux par exemple. Cette taxe pouvant être de 0,1% par kilomètre par exemple.
Comme pour les citoyens, un système inverse leur permettrait de ne pas être entièrement dépendant du local pour ne pas avoir plus de 50% d’euros locaux dans leur trésorerie.

 

La boucle est bouclée, la demande de produits en euros locaux appelle l’offre, des entreprises se créent jusqu’à atteindre un point d’équilibre.

 

Les citoyens européens peuvent alors se fournir localement en grande majorité pour manger, se vêtir, se meubler, etc

 

Bien entendu pour les produits très techniques comme les nouvelles technologies, les voitures, et la gestion du patrimoine foncier, l’utilisation des euros normaux restera la règle.

 

 

Ne reste plus qu’à créer les mécanismes pour faire vivre cette hypothèse

 

  • adapter le système bancaire pour pouvoir gérer ces deux monnaies.
  • permettre au pouvoir central de convertir :
    • les salaires et aides sociales diverses en 50% euro / 50% euro local
    • le trop plein d’euros locaux des entreprises en euros
  • prévoir d’étaler dans le temps l’arrivée de l’euro local pour que le tissus économique ait le temps de se créer
  • une banque publique d’investissement permettrait de financer les projets en amont en euros locaux

 

Mais ce système, aussi vertueux soit-il, soulève une interrogation principale : quid du pouvoir d’achat des ménages ? Les taxes à la distance prélevées chez les entreprises pourraient être redistribués aux ménages les moins aisés.

 

Cette hypothèse permet à elle seule de réguler le capitalisme, en limitant la taille des entreprises et leur imposant de se fournir localement au moins à 50%.