Le moins que l’on puisse dire est que l’hexagone, comme moult pays occidentaux, n’a pas su saisir le tournant de la mondialisation. Industrie, textile, alimentation : les emplois s’envolent.

Certes certaines branches s’en sortent tant bien que mal : services, aéronautique, énergie quand une seule activité semble se développer à l’international : le luxe. Si cette réussite permet à notre pays de conserver une vitrine romantique, elle n’en cache pas moins la cruelle descente aux enfers de l’économie nationale, apportant avec elle son lot de désillusion et de fatalisme quant à la gloire d’antan.

 

Le virage raté de la mondialisation

Les 30 glorieuses ne sont désormais qu’une chimère lointaine et le Général de Gaulle, ayant sorti le pays par deux fois de la crise au cours de la 2ème guerre mondiale et de la guerre d’Algérie, une figure du passé. Cette fois, nous ne sommes pas envahis, nous n’envahissons pas, non, tout simplement, nous stagnons, pendant que bien d’autres nations progressent.

Comment en vouloir par ailleurs à ces pays dits émergents de reprendre le modèle capitaliste occidental, nous qui l’avons usé jusqu’à la corde. Le problème est bien là : le capitalisme nous a sorti de la misère, ce même capitalisme, toujours avare de profit, va nous y replonger. Alors nous tentons de surnager et effectivement nous y parvenons mais en se voilant la face : nous vivons au dessus de nos moyens, notre dette grandissante depuis 30 ans est là pour nous le rappeler.

Pourtant toute réforme semble impossible : les élites et les corporations s’arc-boutent sur leurs acquis. Le déni de la chute de notre puissance économique nous pousse à notre perte. Il serait tant de réagir, de repenser le fonctionnement de notre modèle sociétale et économique. L’homme est ainsi fait qu’il ne s’impose de réagir que lorsqu’il n’a plus le choix. Notre dette, que l’on semble pouvoir toujours augmenter sans en subir de conséquence nous permet encore de maintenir à flot la cohésion sociale de notre pays, en portant notre système à bout de bras.

 

Le maintien du système actuel pour seule ambition

Ni notre chef d’Etat actuel, ni aucun candidat à la future présidentielle ne semble être en mesure de proposer un programme cohérent. Nous en sommes toujours à hésiter entre relance (par l’offre ou par la demande) ou rigueur, sans chercher à voir plus loin. Alors nous (nos gouvernements successifs, que nous avons élus) mélangeons ces deux bonnes vieilles recettes de grand-mère en espérant avoir un jour une reprise économique digne de ce nom : la fameuse croissance.

Ne serait-il pas temps d’avoir d’autres ambitions, pour nous, français, mais aussi pour le monde entier. Prenons conscience que notre balance extérieure dans le rouge est une sonnette d’alarme. Mais tout pays y passera un jour ou l’autre puisque le capitalisme cherche toujours au coût le plus bas. Hier l’Europe était l’usine du monde, aujourd’hui c’est l’Asie du Sud-Est, et demain ?

Nous n’allons tout de même pas attendre sagement que la production revienne faire un tour dans nos vertes contrées, quand nous serons (re)devenus un pays à bas coût, équipé de moyen de productions anachroniques. Est-ce cet avenir morose que nous voulons proposer à nos enfants ?

 

Proche de la banqueroute

On commence déjà à délocaliser des usines de Chine vers d’autres pays, les salaires ayant trop augmenté là-bas. Les pays émergents ont attendu tant d’années de pouvoir nous concurrencer, s’enrichissant enfin à leur tour, que nous ne pouvons pas leur demander de nous aider à repenser le système économique dans sa globalité.

Parce que nous, pays occidentaux, avons pillé le Sud pendant deux siècles, que nous sommes les premiers à arriver « au bout » de ce système et à subir les conséquences sur l’emploi, nous nous devons au moins d’y apporter une solution, la plus globale possible. Il nous revient de repenser le système économique pour le rendre viable, juste et cohérent à long terme.

 

Le capitalisme : une réussite aliénante à croissance cyclique

Une réussite car jusqu’à ce jour nous n’avons pas trouvé d’autre système communautaire qui fonctionne. Le communisme n’a pas été un succès et on ne peut nier que le peuple français (et le monde entier) soit beaucoup moins dans la misère aujourd’hui qu’il l’était il y a 100 ou 200 ans. Cependant la force d’aliénation au travail que représente cette idéologie doit être repensée. C’est ce que le socialisme a tenté de combattre, en vain puisque aujourd’hui les partis anciennement de gauche sont devenus sociaux-démocrates, à savoir centristes, donc adepte de la religion unique : la croissance.

Le rythme de cette croissance s’est avérée à peu près cyclique, changeant son centre de gravité au fil du développement industriel des régions du monde à bas coût de production. Dans cette guerre économique, le seul but est de croître, puisque la croissance amène la richesse. Le désenchantement que subit la société occidentale actuelle, du à ce système de vases communicants devenu quasi-défavorable plonge la population dans un fatalisme ambiant qu’aucune perspective optimiste ne vient calmer.

Espoir, désespoir, tel est le cycle à long terme du capitalisme. Nous abordons ensemble le cycle le plus périlleux. Devons-nous attendre la relance due à notre appauvrissement, nous amenant enfin à redevenir compétitif ou bien choisissons-nous de proposer une alternative pérenne, ni aliénante ni cyclique ?

 

L’utopie d’un système pérenne de plein emploi

Pour l’instant aucun nouveau programme économique non utopique n’a su faire son chemin jusqu’à amener un débat de société d’ampleur sur sa future adoption. Cette alternative, à nous de la trouver. Je pense que cela passera par une relocalisation de l’économie. Le dire c’est bien, y parvenir est autre chose.

Personnellement, j’ai déjà quelques idées que je dévoilerai dans un prochain article.

J’espère que cet article vous aura motivé à réfléchir à un autre modèle économique, ou ne serait-ce qu’à débattre du modèle actuel. Subir sans proposer c’est accepter, alors bougeons-nous.